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Présentation

  • : jardin du sens
  • : fruit des expériences d'une passionnée du Nord de la France avec conseils adaptés, erreurs à éviter,portraits de plantes, idées d'aménagements,conseils pour petit jardin. Une invitation entre pragmatisme et poésie pour concevoir avec vous un petit coin de paradis, un refuge pour l'expression de soi.
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  • Albine Zola
  • Art-thérapeute, spécialisée dans deux domaines: les arts plastiques (expression, peinture abstraite) et l'approche hortithérapeutique. Diplômée de la faculté de médecine libre de Lille, diplômée de psychologie.

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"Le bonheur est un seul bouquet: confus léger fondant sucré." Paul Eluard

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 18:47

 

Etrange bête, au pelage couleur de terre. Elle se laisse observer à loisir une fois morte.  Captivé par sa vie obscure et discrète, on se prend à  vouloir la caresser,  tant sa fourrure rase et lustrée est inconcevable de douceur et de densité. Des pattes démesurées en formes de mini pelleteuses et sa queue courte et rose assorties à son fin museau achèvent de  remplir de regrets ceux qui l’ont tuée. On a peine à imaginer que cet animal soyeux, dodu, propre et rond comme une peluche puisse batifoler sous la terre  et ruiner une belle pelouse en une seule nuit. En fait c’est un animal d’interface entre ce que l’homme a de plus con dans son efficacité aveugle  et la nature de plus efficace dans sa programmation abrupte; habituée aux prairies grasses et pleines de bouses, elle dépasse les limites imparties à son home et provoque bien malgré elle  notre intolérance sauvage et secrète . Elle apprécie  les jardins aux terres riches , souvent mitoyens des campagnes (elle ne s’aventure guère en ville) pour s’y nourrir de vers de terre selon l’image inoxydable que l’on voit partout  mais surtout  de bestioles nuisibles pour le jardin ; là où les terres sont « praticables » c’est-à-dire là où elle peut creuser sans trop rencontrer d’obstacles ; d’où sa présence dans les potagers, les terres friables et …les pelouses ; devoir rappeler de telles évidences  est consternant vu le nombre de forums consacrés à leur extermination ,des  syndicats de taupiers et sadiques bardés d’un arsenal digne d’une guerre totale  aux  plantes censées les éloigner mais qui n’éloignent rien du tout ou les fait réapparaître deux mètres plus loin sans compter les étagères de produits épouvantables qui leur sont consacrés. 

En arpentant le terrain de golf d'une ville voisine, le concept de l’interface se précise et prend de cruelles tournures : comment être une taupe normalement constituée et résister à une tentative d’OPA sur le green, logiquement autoroute à vers et autres larves dodues ? Mais le green est intact…Et  pas l’ombre d’une taupinière. Une question (ennuyeuse) me vient soudain à l'esprit : comment est-ce possible?  Indemne  de pissenlits, de chiendent, de mousse, de pâquerettes, de musaraignes et autres indésirables, l'irrésistible velours vert me laisse perplexe et déchirée entre la fascination pour la prouesse technique de professionnels au faîte de leur art, et une approche un peu plus sombre avec en perspective un arsenal de produits peu ragoûtants. Il reste bien quelques canards et autres volatiles mais on les voit mendier dans les jardins résidentiels des alentours où l'on s’offusque  de leurs déjections pourtant bien utiles. 

 Il fut un temps où,  obnubilée par le double  mythe de la belle pelouse façon moquette et du « je te montre mes mètres carrés durement acquis », je la maudissais de venir défigurer mon jardin avec ses monticules de terre fine comme de la semoule que je  récoltais pour mes potées en guise de consolation. Elle a fini par prendre son petit baluchon ; pourquoi ?  Mon chat en avait occis quelques -unes (comme la musaraigne, les mistigris la dédaignent pour leur repas) et puis sa présence s’est faite rare alors que le félin patachon est devenu fainéant; la conclusion s’impose d’elle-même : les taupes n’appréciaient plus mon jardin.  Entouré de haies denses et d’arbustes, quadrillés de massifs,  il avait découragé les arpenteuses; il devenait pénible d’y tracer leur entrelac de tunnels. La pelouse diminuait comme peau de chagrin sous mes offensives de plantoir, et il ne resta bientôt plus qu'un tapis... certes nickel (j'assume mon manque d'intégrisme, et je hais parfois les mauvaises herbes...et les pissenlits ). Seul le tas de compost s’entourait de ses rares visites ; alors pour éloigner les taupes, oubliez green et terrain de foot,… offrez-vous un vrai jardin et…Plantez dru! Lumineux, n’est-il pas ?

Tant qu’il y aura des pelouses où le couvert est mis, et des terres promises en guise de garde- manger , il y aura des taupes ; Elle est un pied de nez à notre myopie et nous met le museau dans notre amour hystérique des beaux  tapis soignés, des carrés à quatre épingles, des angles sans nature, dans nos fantasmes de potagers tranquilles « sains, oh oui », mais surtout sans trace de vie  ; elle dépare de ses monticules d’affamée nos tragiques océans de verdure rase et ordonnée, là où rien ne pousse que notre altier contrôle; Tant qu’il y aura de l’herbe et de la terre nue, sa conception du territoire heurtera la nôtre : c’est de la géopolitique  ramenée à l’échelle des enclos ; une micro-tragédie : de ses sombres galeries, la taupe n’a pas vu le panneau « do not disturb » et, aveugle,  elle ne sait que s’enfouir.

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 21:05

Le saule blanc est un arbre dont la beauté est devenue invisible à nos yeux tant il fait partie de notre proche environnement ; comme s’il appartenait définitivement à un autre monde bien bordé de brume et d’humidité, dont il ne peut pas sortir. Il n’est jamais très loin des villes, et en traversant un bout de campagne, sur une petite route qui nous tient à cœur, on l’aperçoit au fond des pâtures, ou au bord des cours d’eau avec sa drôle de silhouette quand il est taillé en têtard. Laissé libre, c’est un géant et  sa grande  masse  argentée étincelle sous le vent. J’ai passé mon enfance près d’un marais, et pour moi c’était « l’arbre à hiboux ». Le soir les rapaces nocturnes  s’y postaient souvent non loin de ma fenêtre ; c’était leur perchoir. Ils dédaignaient l’aulne et le marronnier, mais pas lui. Ils y restaient longtemps le soir en se balançant avant de disparaître en silence. Quant il était  têtard en formation ou  vénérable à moitié fendu, c’était l’ « arbre à chouettes ». L’adorable chevêche menue et toute ronde  habitait ses creux.

La vérité sortant de la bouche des enfants, elle est venue du  fils d’une amie  sorti de la grande jardinerie voisine qui s’écrie lors d’une pause forcée au bord de la route : « Maman, regarde un olivier comme dans le magasin !». Et la mère de son ton le plus docte de rectifier « non mon chéri, c’est un saule ». « Ben c’est pareil » rétorque le gamin.

Et tout à coup c’est bien comme l’olivier du Nord qu’il m’apparaît avec sa silhouette incroyablement semblable, son tronc tourmenté et ses feuilles d’argent. Et s’il ne porte pas de fruits,  son écorce a des propriétés bien  connues des phytothérapeutes, elle a les mêmes vertus que l’aspirine sans en avoir les inconvénients. (photo ci- dessous source: Claudemur/les végétaliseurs.com)

20090712_092134.jpg

Plantez des saules, ça pousse plus vite qu’un olivier (baguette  de 2 m enfoncée dans un bon trou c’est tout !). C’est beaucoup mieux qu’un nichoir, les chevêches ne sont pas dupes.  Et le petit bois de chauffage devenant hors de prix, on a  tôt fait de rentabiliser la petite tronçonneuse qui servira à le maintenir trapu et à l’éclaircir une année sur deux moins durement que ne le font les agriculteurs, bien sûr, ne serait-ce que pour l’esthétique de l’affaire : c’est de jardin dont il s’agit ici. Les creux qui ne tarderont pas à se former  abriteront, oiseaux, petits mammifères et insectes. On peut laisser la campagne en toile de fond, il est chez lui, mais on peut l’utiliser aussi façon sophistiquée intégré à un jardin blanc ou à un environnement  plus zen et minéral …façon olivier dans sa rocaille, il n’aura rien à lui envier ! Ci-dessous, un exemplaire magnifique,inclus dans le jardin d'un pavillon tout neuf; les propriétaires l'ont gardé...

IMG 0060

       saule_blanc.JPG

   

 

 

 

 

 

 

 

 

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